Histoire du château de 1107 à 1500
La butte de Montagny, point stratégique contrôlant une partie de la vallée de la Broye, a été fortifiée depuis la plus haute Antiquité. Mais du fait de l’absence de fouilles systématiques, il est impossible d’avoir des vues précises sur l’Antiquité et le Haut Moyen Age. Le premier indice date de 1107, où l’on cite Ulrich, seigneur de Belp et de Montagny, sous l’égide des Zaehringen. La naissance de la seigneurie de Montagny se situe certainement en 1146. Les deux fils d’Ulrich, Conrad de Montagny et Rodolphe de Belp concluent un arrangement au château primitif de Montagny. C’était une tour carrée, à laquelle s’adossaient des constructions de bois, ceinturée d’une palissade ou d’un rempart.
La prompte intégration des sires de Montagny, au sein des dynasties du Pays de Vaud, est mise en danger par l’extinction de la Maison des Zaehringen, en 1218. Montagny, situé à la frontière des races et des langues, devient une zone tampon. La plupart des seigneurie et des villes dépendent alors directement de l’Empire. C’est une période de troubles et de luttes incessantes entre seigneurs. Le besoin d’être protégé par un suzerain plus rapproché jette tous les seigneurs du Pays de Vaud sous la domination savoyarde. En 1254, Aymon II se reconnaît vassal de Pierre II de Savoie. On conserve toutefois quelques liens d’amitié avec les Kybourg, héritiers des Zaehringen, jusqu’en 1264, date de l’extinction de cette dynastie.
Dès lors, les seigneurs de Montagny réussissent à vassaliser la plupart des familles de petite noblesse établies dans leur sphère d’influence. Le soutien de la Savoie fait de Montagny un point fortifié. C’est l’âge d’or qui durera plusieurs décennies. L’on construit la Ville Neuve, de 1269 à 1309, se composant de cinq rues, dont la principale comptait une trentaine de maisons. L’ancien bourg date du début du XIIe siècle. La seigneurie s’étendait de Gletterens à Lentigny, du nord au sud et de Montagny à Misery, d’ouest à l’est, soit vingt-et-un bourgs. Montagny acquiert encore des possessions dans le Vully et des vignobles du Léman. C’est à cette époque que disparaît le château primitif. Le donjon actuel est d’ailleurs caractéristique du temps de Pierre de Savoie, donc de la seconde moitié du XIIIe siècle. Dès 1335, de grandes difficultés surgissent, avec la proximité de la ville de Fribourg, qui recherche son expansion vers les quatre points cardinaux. La puissance des villes, renforcée par l’alliance confédérale, domine les pouvoirs féodaux, surtout s’ils étaient financièrement basés sur l’agriculture, comme c’est le cas des sires de Montagny. En 1358, Aymon IV hypothèque son héritage. Les choses ne s’améliorent pas avec l’avènement de Théobald qui laisse son fief se délabrer. De plus, il commet un acte fort répréhensible en poursuivant et trucidant, dans la forêt de Belmont, Jean de Faucigny, un moine clunisien de Payerne, qui s’en allait dire la messe à la chapelle de Chandon, en octobre 1390. En novembre, la cour de justice du canton de Vaud l’exproprie et le condamne à mort. Mais la comtesse de Savoie, Bonne de Bourbon, le gracie, en l’honneur des services rendus à la famille. En 1406, Amédée VIII applique l’expropriation, mais pas la peine de mort. Théobald se retire au Val d’Aoste, dans la seigneurie de Brissogne, propriété de son épouse, Marguerite de Quart. Si Théobald a échappé à la mort, il faut le voir dans les alliances matrimoniales contractées par la famille. Les seigneurs avaient des liens de parenté avec les dynasties de Savoie, de Neuchâtel, de Franche-Comté, de Grandson, de Gruyères, de Vuippens, de Cossonay et de Habsbourg. Théobald fut donc le dernier seigneur régnant à Montagny, qui devint propriété de la Savoie.
En 1447, Fribourg s’attaque à la Savoie et investit le château de Montagny, le 24 décembre. L’église, le bourg et neuf autres villages du fief sont incendiés et un énorme butin est emporté. Le château échappe au désastre, la garnison ayant enlevé tous les ouvrages de bois, à l’approche des 1600 assaillants. En 1448, dans la vallée du Gottéron, les troupes fribourgeoises sont vaincues par berne et la paix est signée à Morat. Fribourg doit faire amende honorable, reconstruire l’église et restaurer le château. Suite à cette guerre, les bourgeois de Montagny obtiennent, de la part du duc Louis de Savoie, l’octroi de privilèges importants, tels la libéralisation de tout péage, impôts, tailles et chevauchées. Nous sommes en 1452. L’on assiste à une nouvelle époque de prospérité et en 1460, le bourg compte cent-quarante feux et sept-cent habitants. Le marché hebdomadaire et la foire annuelle le jour de la Saint-Clément connaissent une affluence réjouissante.
A la suite des Guerres de Bourgogne, en 1478, Fribourg achète à la Savoie la seigneurie de Montagny qui devient un bailliage fribourgeois. S’y succèderont septante-cinq baillis, avec le titre de châtelain. C’est en 1491 que s’éteindra la lignée légitime des barons de Montagny, avec le décès, à Brissogne, de Jacques de Montagny, arrière-petit-fils de Théobald. le décès, à Brissogne, de Jacques de Montagny, arrière-petit-fils de Théobald.